cuirgay

       Aussi loin que je m'en souvienne, alors que j'avais 14 ou 15 ans, durant les années 80, ce sont les mecs en perectos de cuir noir, jean serré et santiags qui ont éveillé mes premières sensations fétichistes pour le cuir. C'était le look à la mode au milieu des années 80, chaque mec qui se voulait bien viril et dans le coup, se pavanait en perfecto de cuir noir, Levis bleu ou noir, bien moulant et des bottes en cuir épais, ou baskets. Cet "uniforme" ayant l'art de mettre en avant une "certaine virilité" (et une virilité certaine...), c'est tout naturellement vers les garçons vêtus de la sorte que se portait mon attention dans la rue. Inconsciemment j'étais attiré par les mecs à l'attitude virile, qui en impose, tant dans leur façon d'être, dans leur démarche, que par leur tenue vestimentaire. Petit à petit, le loubard des années 80 gainé dans son "uniforme" de voyou est devenu un archétype pour moi, un idéal masculin.
       La découverte de son homosexualité lorsque l'on est un adolescent très timide, complexé, vivant dans un petit village paumé en pleine campagne, est une épreuve longue et difficile à surmonter. Ce fut mon cas et le chemin fut long, souvent cahotique. Pour être tout à fait franc, mon extrême timidité et mes complexes, faisaient que mon rapport à la sexualité était très difficile. Je ne comprenais pas vraiment, au cours de mon adolescence (ou je ne pouvais pas accepter...) que j'étais gay, que c'était donc les garçons qui m'intéressaient sur le plan sexuel. N'ayant pas, à cette époque, accès à Internet, je me suis créé mon petit univers et j'ai fait mes découvertes intimes seul, avec maladresse. J'écrivais dans des cahiers de 100 pages, des histoires érotiques, dans lesquelles je tombais toujours entre les mains de mecs lookés en cuir intégral et qui me transformais en objet sexuel.
J'achetais des revues de motos ou de hard-rock, dans lesquelles je découpais soigneusement les images de bikers en cuir ou de musiciens de rock en cuir moulant, et je les collectionnais, tels de véritables trésors. Je les regardent aujourd'hui avec une certaine nostalgie. Il faut bien comprendre que c'était là, les seules représentations de beaux mecs en cuir que j'avais à ma disposition.
Aprés les "loubards", j'ai dons longtemps fantasmé sur les groupes de hard-rock, particulièrement ceux qui arboraient des tenues en cuir noir, plus que moulantes, tel que Mötley crue, Poison, Judas Priest; Scorpion, Alice Cooper, Gun's&Roses... Encore aujourd'hui bon nombre de ces musiciens de hard-rock, moulés dans leur jean's en cuir,leurs perfectos, telle une seconde peau, me fascinent.

       Mes premiers vêtements en cuir, furent des gilets noirs ou bruns en cuir de porc, achetés par correspondance (donc sous couvert d'un certain anonymat...), que je portais quotidiennement sur des chemises en jean's, j'avais alors 17 ans.
Ce dont je rêvais le plus, c'était de m'offrir un pantalon en cuir noir, mais je n'osais pas! J'ai donc fait l'acquisition d'un blouson en cuir brun, genre aviateur. Puis vers l'âge de 17ans et demi, j'ai commandé sur des catalogues de ventes par correspondance courants, mon premier pantalon en cuir. Quelques jours plus tard le colis tant désiré est arrivé, je possédais enfin mon premier pantalon en cuir, j'étais tout fier et tout excité! A l'époque je n'étais pas trop exigeant sur la qualité du cuir, sur la coupe, j'étais trop heureux de pouvoir posséder mon premier pantalon en cuir. Etant donné le prix relativement raisonnable, la qualité de celui-ci laissait quelque peu à désirer tant au niveau de l'aspect du cuir, que de la coupe. Pourtant sur le très beau mec qui le portait sur le catalogue, il avait l'air hyper sexy... Je n'avais pas encore compris que j'étais loin de ressembler au modèle, très bien fouttu, du catalogue...
Je dois bien avouer que j'ai dû beaucoup lutter contre le sentiment de honte que je ressentais les premières fois où je portais ce fute en cuir, surtout dans mon petit village. J'avais vraiment l'impression qu'on se moquait de moi, que les gens parlaient dans mon dos et surtout qu'il était écrit "PD" sur mon front, voir "PD SM". Je n'étais vraiment pas à l'aise, il a fallu plusieurs années pour que je parvienne à passer au dessus de ces désagréables sensations et que j'assume pleinement mon amour inconditionnel du cuir.
Voilà pourquoi je suis toujours très admiratif des individus (garçons ou filles) qui osent s'afficher dans des tenues décallées, extravagantes. Il faut un certain courage pour affronter les sarcasmes, quolibets et autres regards inquisiteurs d'une grande partie de la société, même si les temps changent... Je tire mon chapeau (ma casquette en cuir...) aux punks, gothiques et autres "extravagants" qui assument ce qu'ils sont et qui le montre avec fierté!
Porter du cuir est tout un art de vivre à mes yeux, je développerais cette idée dans un prochain texte de ce blog.
J'ai acheté plusieurs pantalons de cuir par correspondance, des gilets en cuir, des gants, car il était pour moi très difficile de trouver ces articles dans les petits magasins de fringues de ma province natale. Ce n'est pas ce que j'ai fait de mieux car j'étais souvent déçu, même si à l'époque, la fierté de posséder des fringues en cuir prenait le dessus.
       Ce doit être vers l'âge de 20 ans que j'ai osé sortir en "total cuir", soit le pantalon, les bottes de bikers, le blouson et les gants. Je ne le faisais pas souvent, mais quand j'osais , je me sentais invincible et à l'abri de tout! Moi, le petit blond gringalet, complexé, souffre-douleur de mes "camarades de classe", gainé de mon "uniforme de cuir", je devenais tout à coup très fort et ça m'amusait beaucoup, en plus j'étais très fier!  J'avais de temps-à-autre des commentaires désobligeants qui me mettaient mal-à- l'aise et je devais essuyer des regards moqueurs ou réprobateurs. Avec le temps j'ai compris que c'est surtout dans la tête que ça se passe et que lorsque l'on assume pleinement son look, ça passe beaucoup mieux.
Aujourd'hui je porte du cuir parceque j'aime ça, parceque ça me correspond parfaitement, parceque je trouve ça très beau, parcque je me sens bien dedans. J'assume totalement et ouvertement ma passion pour le cuir, je ne saurais que trop vous recommander de ne pas vous priver du plaisir de porter du cuir, si vous aimez ça, sans vous soucier des abrutis qui ... au fond, nous envie!